À l’heure parfaite, où le jour naît du cœur nourricier de la mère Nuit,
Où le dernier ange de Dieu, épuisé, fuit le ciel lactescent,
Je découvre, dans le silence d’un monde qui s’éveille,
L’Ile dans la brume, flottant dans l’or salé de l’Orient.
Mon souffle se fige, et déjà l’Ile s’éloigne, dérobée à mon âme,
Poussée par la brise sucrée du nouveau naissant.
Cette Ile sans jumelle fredonne dans le lointain,
L’ancien refrain d’une rengaine familière,
L’unique complainte des âmes sans repos, sans asile,
Traversant les mondes et les présents
Comme les voiles infinis d’une mariée absente.
Et chaque nuit allume le feu d’un espoir amoureux,
Que le jour ensevelit, mort et froid.
Et chaque nuit, je guette pieusement l’étincelle
Qui m’invitera au grand voyage de la noce promise,
Alors, je flotterai, heureux, dans son sillage,
Et m’évanouirai en son sein, enfin chez moi.